L’iniquité, qui, matériellement considérée, peut être moins grave, est spécifiquement désastreuse comme subversive du principe de l’ordre. J’annonce tout de suite la couleur : il ne s’agit ni d’une méthode d’oraison, ni d’une leçon de morale, ni d’un manuel de dévotion, pas même quelques conseils pratiques pour prier mieux. (latin « peccatum » , grec « amartia »). (2 Rois 2, 24). Même précision aux Corinthiens où justice et iniquité s’opposent en ce qu’elles mettent respectivement sous le joug de Dieu ou de Bélial, de la lumière ou des ténèbres (6, 14).Le mystère d’iniquité de la deuxième aux Théssaloniciens est bien celui de l’Antéchrist, cet homme de péché, ce fils de perdition qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte et prétend s’asseoir au sanctuaire de Dieu pour s’y présenter comme s’il était Dieu !

Partant, il ne s’en prend pas à l’auteur de l’ordre.Un cas particulier nous fera comprendre cette importante distinction, scrupuleusement observée par Saint-Jérôme dans sa traduction du grec.

C’est Lui qu’il faut écarter, détruire, anéantir. Dieu n’est plus qu’un empêcheur de tourner rond, un mauvais, un méchant, l’ennemi. », Jésus rétorque simplement : « Ni lui ni ses parents, mais pour que les œuvres de Dieu soient manifestées ».Il n’en reste pas moins à circonscrire les sévérités si brusques, à première vue, d’un Dieu qui, par ailleurs, ruissèle de bonté jusqu’à s’aveugler devant les péchés. Les conséquences en sont que, naturellement, nous ne pratiquons pas la juste justice de Dieu: nous n’aimons que ceux qui nous aiment, nous n’invitons que ceux qui nous ressemblent et nous ne voulons travailler qu’avec ceux qui pensent comme nous.La vie chrétienne est une vie de relation avec Dieu, dans l’attention à sa volonté et les paroles que nous lui adressons. De sa nature, elle véhicule une raillerie, une moquerie, un mépris du Dieu unique qui a fait le ciel et la terre. (13, 41).

Dieu est lent, patient, longanime, débonnaire et même « dissimulateur » de nos péchés, selon Sagesse (2, 25). S’il pouvait n’être point pécheur ! C’est simplement absurde. Une telle doctrine verse aussitôt dans le blasphème.Il y a donc forcément, d’un pécheur à l’autre, un fondement qui explique la juste différence du traitement divin, si l’on part des principes de la Foi selon laquelle Dieu est parfaitement et infiniment juste tout autant que miséricordieux.Je crois tenir cette explication dans la distinction omniprésente dans la Sainte Ecriture entre péché et iniquité. Tout sauf un luxe et vrai clivage des hommes. Une réponse générique, vraie mais parfaitement inadéquate, consisterait à dire que Dieu conjugue, dans l’unité de son être, justice et miséricorde, sagesse et liberté. La bande de jeunes freluquets qui se gausse du prophète Elisée, parce qu’il s’essouffle un peu dans la montée et qu’il est chauve, est maudite par le prophète et aussitôt dévorée par deux ours sortis, tout exprès, de la forêt, au nombre de quarante deux ! L’acteur est un infirme, un malade. Dans les deux testaments, les mots « péché » (repli sur soi) et « iniquité » (injustice) sont utilisés comme des synonymes renforçant l’idée que le peuple de Dieu s’est éloigné de lui, lui a été infidèle et n’a donc pu pratiquer la juste justice. Il y a entre eux un gouffre, celui de la piété qui sauve. Parce qu’il vient de mettre enceinte la jolie femme d’Urie, Bethsabée, et que le vaillant officier, qu’il a rappelé du front pour camoufler sa propre fornication, préfère dormir sur les marches glaciales du palais royal plutôt que dans les bras de la belle. (1 Jn 5, 7).Péché et iniquité sont tous deux graves. Quand Ananie et Saphire mentent sans scrupule à Saint-Pierre en prétendant, comme ils s’en faisaient gloire devant l’Eglise, avoir donné tous leurs biens, ils sont, séance tenante et l’un derrière l’autre, emportés en terre (Act. L’idolîtrie ne saurait être un simple péché, une faiblesse, un désordre. Je crois tenir cette explication dans la distinction omniprésente dans la Sainte Ecriture entre péché et iniquité. Tous les pécheurs que nous sommes l’ont éprouvé avec délices, comme en témoigne David, qui avait une assez bonne expérience du péché (Ps 102, 3) : « Miserator et misericors Dominus, longanimis et multum misericors ». Toujours cette transitivité du péché qui ruine l’ordre et s’en prend à Dieu. Il ne nous traite pas selon nos péchés et ne nous rend pas selon nos iniquités…Et pourtant quand Dieu se fîche sa colère est aussi terrible, subite, imprévisible que sa bonté n’avait été douce. On voudrait bien ne Lui faire aucun mal, Lui rester fidèle, qu’Il n’en sût rien. Le péché est toute pensée, parole, action ou désir contraire à la volonté de Dieu. Martin Bible Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités. Dans le sens moral et spirituel, ce mot implique aussi un égarement du droit chemin tracé par Dieu. Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités. « Tibi Soli peccavi et malum coram Te feci ». Tu es appelé(e), cher MumCh, à vivre de cette justice et selon cette justice.